Mon parcours : Nik Goncin

Nik raconte son parcours depuis son enfance à Regina et nous parle de son diagnostic de cancer, sa découverte du basketball en fauteuil roulant et sa participation comme membre de l’équipe canadienne à deux Jeux paralympiques, dans l’édition de ce mois-ci de Profil d’athlète, présenté par Toyota

J’ai passé la majeure partie de mon enfance dans la ville de Regina et la deuxième moitié sur une terre juste à l’extérieur de la ville – c’était vraiment loin.

Grandir à Regina est la raison pour laquelle j’aime les activités de plein air. Il n’y avait pas grand-chose à faire durant ma jeunesse à Regina, au point de vue des concerts, entre autres. Ce n’est pas une grande ville. Je pense qu’il y avait moins de 200 000 personnes à Regina, quand j’étais jeune, ce qui m’a donc fait sortir de la maison pour faire exactement ce que vous imagineriez que quelqu’un de la Saskatchewan fait : passer à travers les champs d’agriculteurs, faire de la planche à neige, aller à la chasse et à la pêche – ce genre de choses. Nous n’avons pas de montagnes en Saskatchewan, mais nous avons des centaines de kilomètres de terrain plat, alors nous prenions notre cerf-volant avec notre planche à neige et c’est ce que nous faisions dans les Prairies.

J’ai un frère et une sœur qui sont des jumeaux, de trois ans mes cadets. Nous n’étions pas très proches en grandissant. C’était un écart d’âge suffisant pour qu’il y ait une différence de maturité, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 20 ans – j’avais 23 ans, puis nous nous sommes considérablement rapprochés. J’aime avoir un frère et une sœur, c’est bien. C’est comme si nous avions notre propre petite équipe.

Introduction au sport

J’ai commencé à skier à l’âge de six ou sept ans, c’était le premier sport dans lequel je me suis lancé. Nous avons une petite vallée à environ 45 minutes de Regina – il faut plus de temps pour monter la colline que pour descendre, mais c’était suffisant pour apprendre. Nous allions à la montagne pendant une semaine chaque année pour skier en famille. C’était ma première introduction au sport.

Après avoir appris à skier, j’ai commencé à jouer au soccer et au basketball, puis la gymnastique a pris le dessus. J’ai aussi joué un peu au tennis de compétition.

Le tennis avait tendance à être mon sport de choix, pour ainsi dire. J’avais parfois un tempérament un peu coléreux sur le terrain et le tennis est un sport très mental, alors c’était un défi par moments. J’ai définitivement cassé quelques raquettes.

Diagnostic de cancer

Je suis tombé malade au cours de ma première année d’école secondaire, donc je n’ai pas pu faire beaucoup de sports au secondaire.

Je jouais au basketball, j’avais des lésions dues à des mouvements répétitifs et c’est comme ça que la douleur a commencé dans mon genou. Au fil du temps, la douleur que je ressentais dans mon genou a changé d’un endroit à l’autre. À l’époque, je ne pensais pas que ce soit quoi que ce soit.

Un jour, je jouais au basketball et quand j’ai fait un arrêt simultané, le défenseur est passé devant moi. À mon retour au sol, je me suis cassé la jambe. J’ai donc passé une radiographie et ce fut immédiatement évident ce qui se passait – il y avait un peu d’ombrage autour de l’os. C’est ainsi que j’ai reçu mon diagnostic de cancer. J’étais en 9e année.

Ensuite, ce fut une ruée. En l’espace de deux semaines, j’étais à Edmonton pour une biopsie, afin de vérifier exactement ce que c’était – le cancer des os, soit le diagnostic initial. J’ai donc commencé les traitements immédiatement, ce qui a duré environ 15 mois.

Après neuf mois, j’étais censé subir une intervention chirurgicale. Mon péroné était affecté par l’ostéosarcome, le cancer que j’avais. L’idée était d’enlever chirurgicalement cet os. Quelques jours avant l’opération, j’ai rencontré le chirurgien, pour un examen de routine, et il m’a expliqué que le cancer s’était un peu propagé au haut et au bas de l’os.

La chimiothérapie fonctionnait, mais seulement pour les tissus mous. Dans toutes les régions environnantes, le cancer était détruit, sauf pour l’os lui-même, où il s’était propagé d’environ sept pour cent vers le haut et quatre pour cent vers le bas – c’était au point où le nerf qui traverse le genou était affecté.

Les médecins ont essentiellement dit que nous pourrions encore poursuivre le premier plan pour enlever l’os, mais les chances que je contracte à nouveau ce cancer seraient alors plus élevées, parce qu’ils ne seraient pas capables d’enlever suffisamment de cellules cancéreuses. Le nerf était affecté, donc je ne serais pas capable de plier ma jambe – ce serait une jambe raide, essentiellement inutile. Ils ont expliqué que la meilleure option serait l’amputation.

Ils m’ont donné le choix. Pour moi, c’était clair, je voulais faire du sport tout en vivant ma vie normalement, ce qui aurait été plus difficile avec une jambe raide, à mon avis.

Environ deux années se sont écoulées dans l’intervalle entre le diagnostic et l’amputation.

Découverte du basketball en fauteuil roulant

J’ai été initié aux sports adaptés dans les cours de gymnastique à l’école secondaire.

Je faisais de la physiothérapie, tout ce genre de choses, j’essayais de marcher à nouveau et personne n’a vraiment mentionné quoi que ce soit sur le parasport, ce qui est fou. Je pense que tout le monde devrait le savoir. La seconde que vous vous blessez, vous devez connaître les choix que vous avez. Malheureusement, tel n’a pas été le cas pour moi.

À l’école secondaire, pendant une semaine, le club local de basketball en fauteuil roulant est venu nous présenter ce sport. Alors, ils sont entrés, nous ont montré les fauteuils et comment se déplacer. J’étais encore chauve à l’époque; je portais des pantalons de survêtement – le seul gars ainsi vêtu dans le cours de gymnastique – mais j’avais encore un peu d’assurance.

L’entraîneur est venu me voir à la fin de la semaine et m’a dit : « Hé, j’ai remarqué que tu boites un peu ». Il ne m’a pas vraiment demandé ce qui n’allait pas. Il a ajouté : « Tu devrais venir essayer le basketball en fauteuil roulant ».

J’ai immédiatement dit non. Je me suis dit : « Non, je ne veux pas jouer au basketball en fauteuil roulant. Je joue au basketball debout, c’est très différent ». J’allais essayer de continuer à jouer au basketball debout tout en portant ma prothèse. Aurais-je été aussi compétitif? Je savais que je n’allais pas être aussi compétitif.

L’entraîneur de basketball en fauteuil roulant a beaucoup insisté. J’essayais de lui dire non, mais il ne voulait pas cesser. Il m’a dit d’amener un ami, donc mon frère m’a accompagné. Je suis allé un jeudi et immédiatement, je me suis dit : « Oh, incroyable, c’est très différent de ce à quoi je m’attendais. Beaucoup plus difficile ».

J’ai ressenti cette adrénaline quand on participe à des compétitions sportives. Je pourrais frapper les gens à nouveau. Je pouvais refaire toutes ces choses et je me suis dit : « Oh, c’est ce qui me manquait. » La première fois que vous assoyez sur le fauteuil, vos habiletés de maniement du fauteuil ne sont pas très bonnes – j’étais terrible. Je poussais aussi fort que je le pouvais. J’étais avec tous ces gens qui bourdonnaient autour de moi et je me disais : « C’est fou; c’est complètement différent de ce que j’imaginais ».

Nous avions un club à Regina, au Centre de réadaptation Wascana. L’entraînement avait lieu les mardis et jeudis. J’ai donc commencé à y aller ces jours‑là. Puis, j’ai été invité à mon premier camp national junior, après mon premier Championnat national de la LCBFR. L’un des entraîneurs de la Saskatchewan m’a vu jouer à ce Championnat national et m’a demandé si j’aimerais me développer davantage pour faire partie de l’équipe nationale.

Réalisation du potentiel du basketball en fauteuil roulant

En 2009, j’ai participé à ma première compétition internationale en France. C’était fou d’avoir l’occasion de représenter le Canada comme ça. C’était à Paris, mon premier événement multisports. Premier tournoi international de quelque sorte que ce soit – mon vol était payé et j’étais hébergé dans le centre-ville de Paris avec tous ces athlètes. Ce fut une expérience incroyable. C’était l’une des toutes premières fois que je voyageais seul.

Puis, j’ai découvert le plein potentiel du jeu. Je me suis rendu compte que je pouvais aller à l’université — certaines universités offrent le basketball en fauteuil roulant. J’étais à environ un an de l’université à ce moment-là. C’est là que je me suis rendu compte que peut-être je pourrais faire quelque chose avec ça et je suis allé à l’Université de l’Illinois.

Mike Frogley a été celui qui m’a ouvert les yeux sur le potentiel du basketball en fauteuil roulant. Son message était : « Tu peux aller aussi loin que tu le veux, en fonction de la mesure dont tu veux y travailler. » Il a décrit les options, puis le reste était un peu à moi de le faire. Il a certainement joué un grand rôle dans mon mentorat au cours de ces 4 à 5 premières années.

À l’Université de l’Illinois, j’ai fait une majeure en kinésiologie et une spécialisation en biomécanique. Frog, l’entraîneur canadien à l’époque, était entraîneur à cet endroit. Il m’a entraîné à l’université pendant deux ans et demi.

Le nombre de choses que j’ai apprises, juste sur la vie et le fait de vivre seul, d’avoir un nouveau handicap et puis, en plus de cela, tous les trucs de basketball – c’était énorme pour ma croissance.

Je n’étais pas de ceux qui, à un jeune âge, pensaient être un athlète professionnel. Je viens d’une famille d’immigrants et c’était vraiment l’école avant tout : « Est-ce que je serais un médecin ou un dentiste? » Telles étaient les options.

Lorsque mes parents se sont rendu compte que je pouvais aller à l’université avec une bourse d’études et jouer au basketball en fauteuil roulant, c’est à ce moment-là qu’ils ont été convaincus. Jusque-là, mes parents pensaient « Oh, il s’amuse, ce n’est pas grand-chose ».

Ensuite, ils ont pensé : « Oh, Nik a obtenu une bourse d’études complète dans une école assez respectable », et ont commencé à être un peu plus persuadés.

J’ai pris une année sabbatique après les Jeux paralympiques de 2016 et déménagé en Allemagne, où j’ai joué professionnellement pendant un an – je voulais rayer cela de ma liste du cœur.

Trouver un parcours de carrière

À mon retour au Canada, j’ai été accepté dans le programme de maîtrise de l’Institut universitaire de technologie de l’Ontario, à Oshawa, en physiologie de l’exercice. Ensuite, je suis allé à l’Université George Brown, où je me suis spécialisé en orthèses.

J’ai choisi le domaine des orthèses parce qu’à mesure que vous vieillissez, vous regardez en arrière, la façon dont les choses se sont déroulées dans votre vie et aux personnes qui ont eu un impact sur votre vie. J’étais à ce point de transition où je devais décider d’une carrière.

En physiologie de l’exercice, autant que j’aime le domaine, il n’y a pas beaucoup d’emplois. Je ne voulais pas faire de recherche – je n’aime pas vraiment la rédaction de publications et de choses comme ça – c’est un processus assez épuisant.

Je me suis dit : « Qu’est-ce que je pourrais faire qui serait épanouissant, que je pourrais faire pour aider les gens? » C’était toujours quelque chose que je voulais faire, aider les athlètes à performer ou, dans mon cas, maintenant j’aide les enfants à marcher correctement ou avec moins de problèmes. Le domaine des orthèses semblait évident.

Je me suis en quelque sorte rendu compte à quel point mon prothésiste avait eu un impact important sur moi. Si vous perdez votre jambe, votre vie change complètement. Mon prothésiste avait perdu sa jambe 25 ans auparavant à cause de l’ostéosarcome, la même chose que moi. Des conditions similaires aux miennes. Il avait une femme, il conduisait une moto, il faisait partie d’un groupe de musiciens et il faisait toutes ces choses. Alors, je me suis dit : « Bon, d’accord, s’il peut le faire, je peux le faire aussi ».

Première expérience paralympique

Ce fut très difficile. Un changement massif s’est produit dans l’équipe après 2012. Nous avons remporté l’or cette année-là, puis la moitié de l’équipe a pris sa retraite.

Par conséquent, nous avions une nouvelle équipe. Nous ne nous sommes pas qualifiés pour le Championnat du monde, deux ans avant les Jeux de 2016. C’était difficile. Étant un nouveau gars dans l’équipe et, compte tenu de tous les athlètes qui avaient pris leur retraite, j’ai été en quelque sorte jeté dans un rôle d’être l’un des gars, donc c’était difficile. Je n’ai pas de souvenirs très positifs des Jeux de Rio, mais j’ai évidemment appris beaucoup.

Ensuite, aux Jeux paralympiques de 2020, ce fut une expérience entièrement différente. Après le Brésil, je savais comment je ne voulais pas me sentir et comment je ne voulais pas que quelqu’un d’autre se sente. Tout le monde a adhéré à cette idée et ce fut une expérience complètement différente.

Conseils pour les nouveaux athlètes

N’hésitez pas à essayer. Essayez tout et n’importe quoi. Il n’est pas nécessaire que ce soit le basketball en fauteuil roulant — essayez le hockey sur luge, le ski nordique, le ski assis — profitez de tous les choix que vous avez. Essayez tout. N’ayez pas de préjugés parce que ce n’est pas ce que vous aviez imaginé 99 pour cent du temps.

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