Mon parcours : Tara Llanes

Tara nous raconte son parcours, de son enfance dans le sud de la Californie à la découverte de la course de BMX, son accident et comment elle a pris connaissance des sports adaptés, dans Profil d’athlète de ce mois-ci, présenté par Toyota.

Je suis née à West Covina, en Californie, et j’ai grandi dans le sud de la Californie. Mon enfance passée à cet endroit a été assez extraordinaire. J’ai pratiqué tous les sports auxquels vous pourriez penser et c’était en fait un excellent environnement où grandir.

Découverte du vélo

Une femme avec qui ma mère travaillait et dont le fils s’intéressait au BMX, m’a incitée à me lancer dans la course de BMX. De plus, nous avions toujours l’habitude de passer en voiture près de la célèbre piste « Y » de BMX Orange. La voie ferrée se trouvait juste à côté de l’autoroute 57. Chaque fois que nous passions, on pouvait voir toutes les lumières et j’étais enchantée. Je n’avais jamais pratiqué un sport comme celui-là auparavant.

En grandissant, j’ai joué au basketball, fait de l’athlétisme et joué au softball – donc, le BMX était un sport plus marginal. J’y étais tellement attirée. Le fils de la collègue de ma mère faisait de la course un soir et ils nous ont invités à venir regarder. Je pense que je suis allée la semaine suivante avec mon vélo de Pep Boys Auto Parts et j’ai participé à la course. J’avais 11 ou 12 ans et c’est un peu ce qui m’a initiée. J’étais absolument MORDUE!

J’avais gagné des courses et quelques championnats de BMX, mais il y a une course dont je me souviens tout particulièrement. Je pense que j’avais 13 ans et je prenais part à la plus grande course aux États-Unis, les Grand Nationals, à Oklahoma. C’était la plus importante, après avoir couru dans une vingtaine de courses dans tout le pays. C’est celle dont les gens se souviennent. Je me trouvais aux côtés de huit coureurs, la barrière s’est abaissée et j’étais la toute dernière. Oui, la dernière! J’ai réussi à dépasser chaque coureur et, dans le virage précédent, je suis passée de la deuxième à la première place et j’ai gagné la course.

Celle-là, je ne l’oublierai jamais.

Environ cinq ans plus tard, j’ai commencé à faire de la course de vélos tout-terrain, ce qui était un sport vraiment nouveau à l’époque et prenait de plus en plus d’ampleur. À ce moment, beaucoup de coureurs de BMX possédaient de bonnes habiletés de maniement de vélo, alors ils ont commencé à être recrutés par des équipes de vélos tout-terrain.

La compagnie de BMX qui me parrainait était Haro Bikes et elle comptait aussi une équipe de coureurs de vélos tout-terrain, alors ils m’ont invité à une course. Je pense que j’ai terminé en deuxième place et j’ai commencé à me tourner dans cette direction. Le bonus était que vous pouviez gagner votre vie en faisant de la course de vélos tout-terrain. À l’époque, des commanditaires en dehors de l’industrie investissaient beaucoup dans le sport.

Avec le BMX, vous pouviez gagner de l’argent, mais ce n’était pas quelque chose dont vous pouviez vivre. J’ai donc décidé de faire la transition et de l’essayer. J’ai déménagé de la Californie au Colorado.

Le Colorado était l’endroit idéal. Il semblait que tous les bons coureurs de vélos tout-terrain vivaient en Californie ou au Colorado. J’ai décidé d’abandonner le basketball, de déménager au Colorado et de l’essayer.

Le basketball a été mon premier amour, suivi du vélo BMX, puis du vélo tout‑terrain (VTT). C’était comme une évolution progressive du BMX au VTT.

L’accident

Le 1er septembre 2007, une course télévisée, intitulée « Jeep King of the Mountain », se déroulait à Vail, au Colorado. C’était aux dernières étapes de ma carrière de coureuse de vélo tout-terrain et je pensais déjà à ma retraite. J’allais participer au Championnat du monde, à Fort William, en Écosse, la fin de semaine suivante, puis me retirer du sport.

La course Jeep King of the Mountain est un mélange de slalom et de descente, le tout sur un seul parcours. Il y avait un parcours bleu et un parcours rouge; c’était un événement fait pour la télévision, donc quand la diffusion commençait, les portes s’abaissaient et vous deviez commencer. Vous couriez côte à côte d’une autre coureuse, mais sur des parcours séparés. Après 3 à 5 barrières, les parcours se rejoignaient et vous couriez sur le même parcours, les unes contre les autres, pour le reste du chemin jusqu’au bas. Le principe était que vous commenciez sur le parcours bleu, que vous descendiez et si vous perdiez votre course côte à côte par une demi‑seconde, vous deviez remonter, passer au parcours rouge, puis battre l’autre concurrente par plus d’une demi‑seconde pour avancer.

Ce jour-là, nous étions à la barrière et c’était comme si j’avais une prémonition. Lorsque vous étiez à la barrière, vous deviez vous tenir debout sur vos pédales pour les placer d’une certaine manière et il me semblait tout simplement qu’elles ne se trouvaient pas à la bonne position. Mes lunettes n’étaient pas au bon endroit sur mon casque et je n’étais tout simplement pas prête. J’avais un mauvais sentiment, que je n’avais jamais ressenti auparavant. Puis ils ont dit : « prêt parcours rouge, prêt parcours bleu, prêt coureurs » et les barrières se sont abaissées et j’ai commencé la course. J’étais complètement désorganisée et je ne pouvais pas me concentrer. Ma concurrente était bien en avance sur moi.

Nous arrivions à la section médiane du parcours et il y avait des sauts considérables. Je les avais bien exécutés à l’entraînement, mais ils étaient difficiles. Alors que j’en arrivais à cette partie du parcours, je me demandais si j’allais faire les sauts ou non. Que se passe-t-il si ma concurrente tombe et que je peux la dépasser. Toutes ces choses me trottaient dans la tête dans l’espace d’environ deux secondes. C’était comme si mon cerveau avait court-circuité.

Ma dernière pensée a été d’exécuter les sauts. Il y avait un petit rouleau devant et je pense que ce qui s’est passé, c’est que je l’ai heurté avec ma roue avant par accident, puis ma tête a frappé la face du saut où j’étais censée décoller.

J’allais plus de 20 milles à l’heure et j’ai atterri sur le dessus de ma tête. Mon vélo n’avait nulle part où aller, car j’étais attachée à mes pédales. Ma tête s’est arrêtée, puis mon corps est passé par-dessus. L’impact initial m’a cassé le cou. Puis, quand mes jambes se sont écrasées sur ma tête, c’est ce qui m’a cassé le dos. Heureusement, mon cou a guéri. Sinon, je pense que ma vie aurait été un peu différente.

Le diagnostic officiel était une paralysie au niveau des vertèbres T-12 et S L-1.

Introduction au basketball en fauteuil roulant

Je vivais aux États-Unis et j’ai fini par déménager au Canada. La personne que je fréquentais à l’époque vivait à Vancouver, ce qui m’a amené à la ville.

Je n’ai pas fait de sport pendant probablement 5 ou 6 ans. C’était le plus long que j’avais passé de toute ma vie sans sport. Je me sentais tellement perdue. Je ne savais vraiment pas ce que je voulais faire de ma vie et j’avais l’impression d’avoir perdu mon identité. Avant l’accident, j’avais toujours été une athlète. Maintenant, je n’avais pas ça et je ne connaissais vraiment personne au Canada à l’exception de ma partenaire, donc c’était une période vraiment difficile pour moi.

Ma partenaire à l’époque a fini par me donner en cadeau, pour mon anniversaire, une leçon de tennis en fauteuil roulant. J’y suis allée et j’en suis tombée amoureuse.

C’est à ce moment-là que j’ai pu me concentrer. C’est ce qui m’a vraiment menée là où je suis aujourd’hui.

J’ai rencontré Richard « Bear » Peter qui jouait au tennis, Amanda Yan et Marni Abbott-Peter aussi — j’ai rencontré tout le monde en jouant au tennis.

Bear me disait que si je voulais aller plus vite sur le court de tennis, je devrais jouer au basketball.

Puis, j’ai en quelque sorte commencé à aller aux séances d’entraînement – c’est Amanda Yan qui m’a en fait convaincue. Elle m’a dit Tara, tu dois vraiment jouer.

Vente de vélos tout-terrain adaptés

Quelques-uns de mes amis ont fait une collecte de fonds et j’ai vu ce vélo qui était fabriqué en Pologne, appelé SPORT-ON. C’était l’un des vélos tout-terrain adaptés les plus avancés à l’époque. Ils ont pu l’importer au Canada.

Quand j’étais sur les sentiers avec le vélo, les gens me demandaient toujours: « Oh mon dieu, qu’est-ce que c’est? » – il y avait tellement de gens – et je me disais: « Je ne peux pas être la seule personne paralysée à vouloir parcourir les sentiers. »

C’est à ce moment-là que je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas de représentant canadien. Donc, j’ai simplement appelé à froid le propriétaire de SPORT-ON. Je lui ai raconté mon histoire. J’ai dit: « Hé, j’avais l’habitude de faire de la course de vélos tout-terrain, je les connais bien et je veux les vendre. »

« Je ne savais rien des ventes. Je ne savais rien sur la façon de gérer ma propre entreprise, mais j’avais juste obtenu ma chance et il a dit « oui ». Je crois que c’était utile, parce que je pense qu’il me connaissait grâce à la course de vélos tout-terrain, donc c’était un peu mon pied dans la porte. »

« Il m’a dit oui, maintenant je vends ces vélos, et je me suis demandé : « Maintenant, qu’est-ce que je fais? »

Heureusement, mon ancienne partenaire est dans la vente et c’est elle qui m’a appris à créer mon entreprise. Pendant bien des années, j’ai fait beaucoup d’erreurs et mis du temps à comprendre la vente. Je les vends maintenant depuis 2014, et c’est génial. J’aime ça. »

Première expérience paralympique 

L’expérience à Tokyo a été difficile.

Vous avez travaillé tellement fort dans toutes vos séances d’entraînement, durant la Covid‑19 et la classification, ne sachant pas si une fois arrivé, quelqu’un aurait un test positif. Nous voyagions toutes ensemble. La pression et le poids étaient si lourds. C’était comme ça pour chaque équipe. Je ne dis pas que c’était seulement le Canada.

L’une des parties les plus difficiles a été d’entrer dans le stade, ce beau stade que le peuple japonais avait construit – et il n’y avait personne là – sachant que tous nos matchs étaient à guichet fermé et qu’avant la COVID, le stade serait plein. Je voulais cette expérience paralympique complète avec les amis, les familles et les partisans.

Pour moi, c’était peut-être mes seuls et uniques Jeux paralympiques, donc c’était difficile.

Simultanément, je suis fière de l’équipe et de ce que nous avons pu faire – qui nous sommes en tant qu’individus. Vous devez en quelque sorte séparer différentes choses. Tout n’était pas sombre. Je suis fière d’y être allée, d’avoir porté le Canada sur ma poitrine et d’avoir représenté ce pays.

Conseils pour les nouveaux athlètes

Contactez votre organisation ou club local de sports adaptés et commencez à partir de la base.

Nous, bien sûr, espérons que vous finirez par tomber amoureux du basketball en fauteuil roulant, mais sinon, nous espérons qu’il vous donne un sentiment de communauté. Je sais que quand je jouais au tennis, je ne voulais pas être autour de quiconque d’autre se trouvait dans un fauteuil, parce que ça m’obligeait à me rendre compte que c’était ma vie, que ça se passait réellement.

Quand je regarde en arrière, il est difficile de croire que je me sentais de cette façon, mais tout semblait si lourd et je m’adaptais du mieux que je pouvais. Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que cette nouvelle communauté était ma ressource. Ces gens savaient exactement ce que je traversais et ils m’ont appris tellement et beaucoup plus rapidement que si je le faisais seule.

J’aime tellement cette communauté. Je pense qu’à tout le moins, que quelqu’un qui veut se lancer dans le sport a cette communauté à qui parler et avec qui se développer.

De plus, pour les personnes qui ont un handicap minimal et qui veulent pratiquer ce sport, le basketball en fauteuil roulant est probablement le sport le plus inclusif des sports en fauteuil roulant.

C’est superbe parce que nos joueuses de classification 4,5 et nos joueuses minimalement handicapées peuvent voir l’autre côté des choses. Elles voient ce à quoi les personnes en fauteuil doivent faire face et traverser quotidiennement et je pense que cela leur ouvre un peu plus les yeux. Elles vont ensuite dans le monde et peuvent peut-être reconnaître des choses qui ne sont pas accessibles et ensuite plaider notre cause. Chaque petit geste aide.

J’adore ça.

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